Articles les plus récents

En Angleterre, des geais ont planté une forêt en libre évolution ! 

Oiseau chassé et piégé en France, le geai des chênes est protégé en Angleterre où sa réputation de planteur d’arbres a été démontrée en 2021 par une étude scientifique menée sur deux simili “Réserves de Vie sauvage”des anciennes parcelles agricoles laissées en libre évolution depuis plusieurs décennies.  

Dans le comté de Cambridgeshire, au centre-est de l’Angleterre, une étude publiée en 2021 révèle comment deux anciennes parcelles agricoles laissées en libre évolution depuis 1961 et 1996, ont permis à la forêt de se régénérer naturellement, avec vigueur et foisonnement, sans la moindre intervention humaine.  

Après seulement 24 ans, la parcelle la plus jeune – une ancienne prairie – est devenue un jeune bois comptant 132 arbres vivants par hectare, dont 57 % de chênes. Quant à l’autre parcelle, il lui a fallu seulement 59 ans pour passer d’un ancien champ d’orge à une forêt mature, avec 390 arbres par hectare, dont 52 % de chênes.  

Un animal a joué un rôle particulièrement important dans ce retour spontané du sauvage : le geai des chênes ! Ce corvidé est l’un des meilleurs amis des arbres, notamment les chênes : en effet, en dissimulant ses réserves de nourriture pour l’hiver, on estime qu’un seul individu disperserait plus de 1000 glands par an, favorisant ainsi la pousse de nouveaux chênes grâce à ceux qui ne finissent pas dans son petit estomac.
L’écureuil gris et le mulot sont deux autres animaux à avoir contribué à régénérer les forêts, mais dans une moindre mesure estiment les auteurs de l’étude.  

Des geais… et des grives 

Cette histoire de glands ne serait toutefois rien sans celle des baies : pour que les jeunes pousses deviennent de grands arbres et résistent au broutage par les lièvres et autres chevreuils, le rôle des grives apparaît tout aussi remarquable. Ces oiseaux de la même famille que les merles (Turdidae), en consommant les fruits des pruniers, aubépines et ronciers, disséminent les graines de ces arbustes épineux qui, en poussant, servent de boucliers naturels aux jeunes plants de chênes, mais aussi d’habitat pour toute une biodiversité… Eh oui, les broussailles et autres “friches” végétales tant décriées ont une haute valeur écologique ! Cela créera des dissonances cognitives chez certains qui ne jurent que par les débroussailleuses, mais le fait est que la nature est bien faite surtout quand on la laisse s’exprimer librement, sans contraintes.  

Libérons la nature et la nature nous aidera 

Dans un article daté du 16 juin 2021, le journal britannique The Guardian se fait l’écho de cette étude en mettant l’accent sur les avantages écologiques mais aussi économiques de la libre évolution (ou réensauvagement passif comme disent les Anglo-saxons) par rapport aux plantations artificielles : pas de machines, pas de main d’œuvre, pas de gaines en plastique autour des troncs, pas d’irrigation, pas de chasse ni de plomb… et donc aussi beaucoup d’euros économisés !   

La régénération naturelle d’une forêt indigène n’est peut-être ni aussi rapide ni aussi immédiatement rentable qu’une monoculture de sapins Douglas plantée dans un sol sans vie bourré de pesticides… Pourtant, face à l’ampleur de la crise climatique et à l’effondrement de la biodiversité, l’humain aurait tout intérêt à s’aider de la nature plutôt que s’entêter à la gérer sans la respecter.  

Choisir la libre évolution comme mode de (non) gestion de grands espaces naturels lorsque les conditions le permettent, c’est facile, gratuit, et constitue un investissement fructueux sur le long-terme : le réensauvagement c’est bon pour les plantes, les animaux, mais aussi les humains !     

Aidez l’ASPAS à promouvoir la libre évolution !

  • Vous êtes propriétaire d’une forêt ou d’une zone naturelle que vous souhaitez protéger sur le temps long ? L’ASPAS peut vous aider à mettre en place un Havre de Vie Sauvage®. Pour en savoir plus sur ce programme cliquez ici.  
  • Vous n’êtes pas propriétaires mais souhaitez soutenir l’ASPAS dans sa démarche d’étendre la part de nature laissée en libre évolution ? Participez à la cagnotte participative 1 million pour la libre évolution 

Aidez l’ASPAS à défendre les geais et autres animaux considérés en France comme « nuisibles » !

Renards, fouines, belettes, martres, pies, geais, corneilles noires, étourneaux sansonnets, corbeaux freux : ils sont 4 mammifères et 5 oiseaux à figurer sur l’actuelle liste de la mort des “nuisibles”, ou Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts (ESOD) comme l’Etat aime à les appeler, définie tous les 3 ans par arrêté ministériel. Un nouveau classement verra le jour fin juin 2023… L’ASPAS propose plusieurs actions pour s’y opposer : pour cela rendez-vous sur notre site aspas-nature.org !

© Photo d’en-tête : P. Huguenin & A. Margand